L’histoire de la lecture du visage
- Daniel Neuhaus

- 9 nov.
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 43 minutes
Le Face Reading n’est en aucun cas une invention récente ; nous naissons avec cette capacité. Dès notre naissance, nous lisons dans les visages de nos parents et de toutes les personnes qui nous entourent.
Le savais-tu ? Les 43 muscles de notre visage, impliqués dans l’expression, peuvent créer plus de 10 000 expressions faciales, chacune porteuse d’un sens différent.

Dans notre cerveau, il existe même une zone spécifique entièrement dédiée à l’interprétation des expressions faciales et à la reconnaissance des visages – l’aire fusiforme des visages (FFA).
Table des matières
Face Reading : Tout être humain le pratique naturellement
En réalité, nous venons au monde en sachant lire les visages. Bébé, nous haben keine andere Möglichkeit, als die Gesichtsausdrücke der Menschen um uns herum zu interpretieren, da nous noch nicht sprechen können. Chacun de nous possède une capacité naturelle à communiquer avec les autres à travers notre mimique.
Lorsque nous apprenons notre langue maternelle et recevons nos premières influences sociales, nous perdons progressivement cette capacité intuitive du Face Reading. Plus nous grandissons, plus nous nous identifions à notre esprit analytique. Souvent, notre intuition et nos émotions passent alors au second plan.
Suggestion de lecture : Qu’est-ce que la lecture du visage ?
Au commencement, il y avait le Face Reading
Si l’on remonte dans l’histoire, nous constatons que l’humanité a vécu durant des dizaines de milliers d’années sans langage. Comment ces êtres humains communiquaient-ils entre eux ? Ils utilisaient simplement le Face Reading.
En observant les visages les uns des autres, ils pouvaient reconnaître les intentions et l’état émotionnel de leur interlocuteur. Il était essentiel, en un instant, de savoir si l’autre était malade, en colère, triste, joyeux ou amoureux.
Ce que l’aire fusiforme des visages (FFA) révèle sur le Face Reading
Le traitement des expressions faciales (mimique) et la distinction des émotions se déroulent principalement dans différentes zones du cerveau, notamment dans le système limbique – en particulier l’amygdale – et dans le cortex cérébral, où se trouve l’aire fusiforme des visages (FFA).
Au fil de l’évolution humaine, le langage est apparu et s’est développé parallèlement à la communication basée sur la mimique. Ce processus a entraîné une importance grandissante du langage – non seulement dans notre mode d’expression, mais aussi au détriment de notre aptitude à lire les visages. Aujourd’hui, des études montrent que notre capacité moyenne à reconnaître les expressions faciales ne dépasse plus que 60 %.
Environ 35 000 ans après, les premières grandes civilisations ont redécouvert ce savoir originel. Elles ont commencé à interpréter systématiquement les visages et à consigner leurs observations. En Chine, le Face Reading s’est perfectionné au fil du temps, a été enseigné dans des écoles et continue encore aujourd’hui – non pas comme une simple technique, mais comme une véritable discipline.
Face Reading « Siang Mien » ou « Mian Xiang »
Si vous vous êtes déjà intéressé au Face Reading, vous avez sans doute croisé le terme « Siang Mien » ou « xiāng miàn » (面相). Il désigne l’art de la lecture du visage dans la tradition chinoise. Ensemble, ces caractères signifient « lire le visage » ou « analyser le visage ». Comme « Siang Mien » est une transcription occidentale, il n’existe pas d’orthographe unique dans les caractères chinois.
« Mien » signifie « visage » et s’écrit 面 (miàn) ou 面貌 (miànmào).« Siang » signifie « lire » ou « interpréter » et s’écrit 相 (xiāng).
L’origine exacte du Face Reading chinois ne peut plus être datée précisément. On estime toutefois qu’elle remonte à plus de 3 000 ans.
Confucius
Le grand philosophe Confucius (551–479 av. J.-C.) vivait à une époque où l’art du Face Reading était déjà très élaboré. Transmis secrètement de maître à disciple, il était considéré comme un savoir précieux.
« Un enfant n’est pas responsable de son visage, mais un adulte l’est. » – Confucius
Suggestion de lecture : Les formes du visage dans la lecture du visage chinoise
L’Empereur et sa peur du Face Reading
À cette même période, la sagesse du Face Reading fut réunie dans les ouvrages Siang Mien. Mais l’empereur Qin Shi Huang Di | 秦始皇帝 – appelé « premier empereur divin de Qin » – redoutait ce savoir.
Il ne voulait pas que l’on découvre, à travers la lecture de son visage, la cruauté et la ruse qu’il dissimulait. Il ordonna donc la destruction d’un grand nombre de textes issus de l’époque de Confucius.
En 221 av. J.-C., il régna sur l’Empire du Milieu. Par crainte d’être démasqué, il refusa même que l’on réalise un portrait fidèle. Il fit produire un tableau qui le représentait avec des traits favorables, afin de simuler sagesse et bienveillance.
Après sa mort, un immense mausolée fut érigé – célèbre aujourd’hui pour l’armée de terre cuite aux milliers de visages uniques.
La destruction des livres força la transmission du Face Reading principalement par voie orale. Les maîtres parcoururent le monde pour étudier les visages de différentes cultures.
Face Reading dans d’autres cultures
Bien que la Chine possède la tradition la plus longue, le Face Reading n’est pas une science uniquement asiatique. Dans notre propre culture, cet art était également connu. Toutefois, au Moyen Âge, l’Église l’associa à la magie et fit brûler de nombreux écrits.
Les hiéroglyphes égyptiens mentionnent également la lecture du visage – par exemple lorsqu’un lecteur de visages observait le pharaon. De nombreuses cultures, notamment en Amérique du Sud, utilisaient le visage pour déduire l’état intérieur d’une personne.
Les Grecs se sont davantage concentrés sur l’« antlitzdiagnostik », l’analyse du visage dans l’objectif d’identifier l’état de santé. En Inde aussi, cet art existe depuis des millénaires.
Sous-disciplines du Face Reading
Antlitzdiagnostik (Sonnerschau) : lecture des signes de maladie dans le visage.
Physiognomonie : étude des traits de personnalité et du caractère.
Mimique & résonance : lecture des émotions à travers les expressions faciales.
Lectura del Rostro (Amérique du Sud) : lecture des signes liés à l’amour et aux relations.
Hippocrate – fondateur de la physiognomonie pathologique
Hippocrate (460–375 av. J.-C.) s’interrogeait sur le lien entre l’apparence extérieure et les processus internes.
pathos = souffrancephysis = corpsgnome = signe
Il étudia les liens entre le corps et l’esprit avec une grande attention et compassion – posant ainsi les bases de la physiognomonie pathologique.
Aristote & Galien – lecteurs de visages avant l’heure
Aristote (384–322 av. J.-C.) et Platon (427–347 av. J.-C.) possédaient déjà une compréhension profonde de la nature humaine. De nombreux écrits de cette époque explorent le lien entre l’apparence extérieure et la personnalité.
Environ 500 ans plus tard, Galien (129–210 apr. J.-C.), médecin pratiquant, reprit les travaux d’Aristote. Ses observations lui furent extrêmement utiles dans sa pratique médicale.
Physiognomonie – une forme du Face Reading
physis = corpsgnomikos = capable de juger
À travers les Grecs et les Romains, la physiognomonie s’est progressivement diffusée dans notre culture.
Au Moyen Âge, Hildegarde de Bingen (1098–1197) et Paracelse (1453–1541) considéraient déjà que les états internes du corps se reflétaient à l’extérieur. La célèbre expression « les yeux sont la porte de l’âme » provient d’Hildegarde de Bingen.
Johann Batista della Porta (1535–1615), dans son œuvre De Humana Physiognomonia, partait du principe que l’être humain, dans son ensemble, exprime son âme à travers son corps et son visage. Ses travaux forment une base importante pour le développement de la physiognomonie et de l’antlitzdiagnostik.
Face Reading à la Renaissance
Les artistes de la Renaissance tels que Raffaello Santi, Michel-Ange Buonarroti et Léonard de Vinci ont également étudié le visage en profondeur.
Avec l’époque romantique, la physiognomonie connut un regain d’intérêt en Europe, attirant l’attention des jeunes scientifiques et des artistes. Plus cet enthousiasme grandissait, plus les critiques s’intensifiaient.
Lavater & la physiognomonie
Le pasteur Johann Caspar Lavater (1741–1801) était une figure reconnue et respectée. Ses cercles comprenaient scientifiques, dirigeants, médecins, écrivains et artistes. Il apporta à la physiognomonie une dimension profondément humaine et bienveillante.
Avec son ouvrage Fragments physiognomoniques pour promouvoir la connaissance et l’amour de l’homme, il déclencha une véritable vague d’intérêt.
Lavater était considéré comme un « physiognomoniste du ressenti » : il valorisait l’observation minutieuse, la perception fine et la mémoire visuelle.
Face Reading & Goethe
Johann Wolfgang von Goethe (1749–1832), d’abord critique, devint ensuite un défenseur de la physiognomonie. Il contribua même à l’achèvement de l’œuvre en quatre volumes de Lavater.
« L’intérieur de l’être humain se révèle dans son extérieur. » – Goethe
D’autres penseurs influents appuyèrent également la physiognomonie : Leibniz, Kant, Schopenhauer, Schelling, le chancelier Hardenberg, ainsi que le médecin et poète Schiller.
Franz Josef Gall & la mauvaise piste
Le médecin Franz Josef Gall (1758–1828) fit malheureusement entrer la physiognomonie dans une mauvaise réputation. Il croyait, à tort, que l’on pouvait reconnaître les criminels à la forme de leur crâne.
Plus tard, au XXᵉ siècle, ce type de pensée fut récupéré dans des doctrines pseudo-scientifiques avant d’être remplacé par les théories génétiques du national-socialisme.
Carl Gustav Carus & le nombre d’or
Le médecin Carl Gustav Carus (1789–1869) facilita la transmission de la physiognomonie grâce au concept du nombre d’or. Il relia les proportions du corps aux expressions symboliques du visage.
Schüßler & la Sonnerschau
Wilhelm Heinrich Schüßler (1821–1898) développa une approche thérapeutique basée sur l’analyse des besoins minéraux visibles dans le visage. Son ouvrage principal Connaissance de l’homme, formes corporelles et expression du visage reste encore influent aujourd’hui.
Huter – fondateur de la psycho-physiognomonie
Carl Heinrich Conrad Huter (1861–1912) consacra sa vie à l’étude du visage. Il fut le premier à développer un système structuré, enseignable et encore utilisé aujourd’hui.
Selon la psycho-physiognomonie, les formes du corps et les zones d’expression du visage reflètent des tendances de caractère. Par exemple, certaines rides témoignent des émotions fréquemment vécues.
Face Reading & la science aujourd’hui
Le Neuhaus Face Reading Institut mène, en collaboration avec des experts en psychologie et en neurosciences, la première étude pilote visant à examiner si des schémas de personnalité se reflètent réellement dans le visage.
Ce travail représente une étape importante vers une compréhension plus profonde de la façon dont perception et personnalité interagissent.
Il réunit enfin ce qui, longtemps, est resté séparé : l’art intuitif de la perception et le langage de la science moderne.
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